Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/184

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Le garçon, rentrant.

Monsieur, la demoiselle rousse n’est point à sa fenêtre ; elle ne peut se rendre à votre invitation.

Octave.

La peste soit de tout l’univers ! Est-il donc décidé que je souperai seul aujourd’hui ? La nuit arrive en poste ; que diable vais-je devenir ? Bon ! bon ! ceci me convient.

Il boit.

Je suis capable d’ensevelir ma tristesse dans ce vin, ou du moins ce vin dans ma tristesse. Ah ! ah ! les vêpres sont finies ; voici Marianne qui revient.

Entre Marianne.
Marianne.

Encore ici, seigneur Octave ? et déjà à table ? C’est un peu triste de s’enivrer tout seul.

Octave.

Le monde entier m’abandonne ; je tâche d’y voir double, afin de me servir à moi-même de compagnie.

Marianne.

Comment ! pas un de vos amis, pas une de vos maîtresses qui vous soulage de ce fardeau terrible, la solitude ?

Octave.

Faut-il vous dire ma pensée ? J’avais envoyé chercher une certaine Rosalinde, qui me sert de maîtresse ; elle soupe en ville comme une personne de qualité.