Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/264

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qui m’attire. Que puis-je te dire là-dessus ? Le cœur des femmes a des secrets que je ne puis connaître ; elles se font des héros parfois si étranges, elles saisissent si singulièrement un ou deux côtés d’un homme qu’on leur présente, qu’il est impossible de juger pour elles, tant qu’on n’est pas guidé par quelque point tout à fait sensible. Dis-moi donc clairement ce que tu penses de ton fiancé.

Elsbeth.

Je pense qu’il est prince de Mantoue, et que la guerre recommencera demain entre lui et vous, si je ne l’épouse pas.

Le Roi.

Cela est certain, mon enfant.

Elsbeth.

Je pense donc que je l’épouserai, et que la guerre sera finie.

Le Roi.

Que les bénédictions de mon peuple te rendent grâces pour ton père ! Ô ma fille chérie ! je serai heureux de cette alliance ; mais je ne voudrais pas voir dans ces beaux yeux bleus cette tristesse qui dément leur résignation. Réfléchis encore quelques jours.

Il sort. — Entre Fantasio.
Elsbeth.

Te voilà, pauvre garçon ! comment te plais-tu ici ?

Fantasio.

Comme un oiseau en liberté.