C’est vrai ; mais si je pars, il faut que je te laisse ici ; car pour quitter cette maison où nous vivons à si grand’peine, il faut être sûr de pouvoir vivre ailleurs, et je ne puis me décider à te laisser seule.
Pourquoi ?
Tu me demandes pourquoi ? et que fais-tu donc maintenant ? ne viens-tu pas de m’arracher un secret que j’avais résolu de cacher ? et que t’a-t-il fallu pour cela ? un sourire.
Tu es jaloux ?
Non, mon amour, mais vous êtes belle. Que feras-tu si je m’en vais ? tous les seigneurs des environs ne vont-ils pas rôder par les chemins ? et moi, qui m’en irai si loin courir après une ombre, ne perdrai-je pas le sommeil ? Ah ! Barberine, loin des yeux, loin du cœur.
Écoute ; Dieu m’est témoin que je me contenterais toute ma vie de ce vieux château et du peu de terres que nous avons, s’il te plaisait d’y vivre avec moi. Je me lève, je vais à l’office, à la basse-cour, je prépare ton repas, je t’accompagne à l’église, je te lis une page, je couds une aiguillée, et je m’endors contente sur ton cœur.