Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/112

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les plus précieux qu’il y ait sous le soleil, les larmes d’un homme sans peur et sans reproche ?

Philippe.

Il faut nous délivrer des Médicis, Lorenzo. Tu es un Médicis toi-même, mais seulement par ton nom ; si je t’ai bien connu, si la hideuse comédie que tu joues m’a trouvé impassible et fidèle spectateur, que l’homme sorte de l’histrion. Si tu as jamais été quelque chose d’honnête, sois-le aujourd’hui. Pierre et Thomas sont en prison.

Lorenzo.

Oui, oui, je sais cela.

Philippe.

Est-ce là ta réponse ? Est-ce là ton visage, homme sans épée ?

Lorenzo.

Que veux-tu ? dis-le, et tu auras alors ma réponse.

Philippe.

Agir ! Comment ? je n’en sais rien. Quel moyen employer, quel levier mettre sous cette citadelle de mort, pour la soulever et la pousser dans le fleuve ? quoi faire, que résoudre, quels hommes aller trouver ? je ne puis le savoir encore. Mais agir, agir, agir ! Ô Lorenzo ! le temps est venu. N’es-tu pas diffamé, traité de chien et de sans-cœur ? Si je t’ai tenu, en dépit de tout, ma porte ouverte, ma main ouverte, mon cœur ouvert, parle, et que je voie si je me suis trompé. Ne m’as-tu pas parlé d’un homme qui s’appelle aussi Lorenzo, et qui se