Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/115

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mieux, quittez Florence. Je vous réponds de tout, si vous quittez Florence.

Philippe.

Moi, un banni ! moi dans un lit d’auberge à mon heure dernière ! Ô Dieu ! tout cela pour une parole d’un Salviati !

Lorenzo.

Sachez-le, Salviati voulait séduire votre fille, mais non pas pour lui seul. Alexandre a un pied dans le lit de cet homme ; il y exerce le droit du seigneur sur la prostitution.

Philippe.

Et nous n’agirons pas ! Ô Lorenzo, Lorenzo ! tu es un homme ferme, toi ; parle-moi, je suis faible, et mon cœur est trop intéressé dans tout cela. Je m’épuise, vois-tu ! j’ai trop réfléchi ici-bas ; j’ai trop tourné sur moi-même, comme un cheval de pressoir ; je ne vaux plus rien pour la bataille. Dis-moi ce que tu penses ; je le ferai.

Lorenzo.

Rentrez chez vous, mon bon monsieur.

Philippe.

Voilà qui est certain, je vais aller chez les Pazzi ; là sont cinquante jeunes gens tous déterminés. Ils ont juré d’agir ; je leur parlerai noblement, comme un Strozzi et comme un père, et ils m’entendront. Ce soir j’inviterai à souper les quarante membres de ma famille ; je leur raconterai ce qui m’arrive. Nous ver-