Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/129

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Philippe.

Tu me fais horreur. Comment le cœur peut-il rester grand avec des mains comme les tiennes ?

Lorenzo.

Viens, rentrons à ton palais, et tâchons de délivrer tes enfants.

Philippe.

Mais pourquoi tueras-tu le duc, si tu as des idées pareilles ?

Lorenzo.

Pourquoi ? tu le demandes ?

Philippe.

Si tu crois que c’est un meurtre inutile à ta patrie, comment le commets-tu ?

Lorenzo.

Tu me demandes cela en face ? regarde-moi un peu. J’ai été beau, tranquille et vertueux.

Philippe.

Quel abîme ! quel abîme tu m’ouvres !

Lorenzo.

Tu me demandes pourquoi je tue Alexandre ? Veux-tu donc que je m’empoisonne, ou que je saute dans l’Arno ? veux-tu donc que je sois un spectre, et qu’en frappant sur ce squelette,

Il frappe sa poitrine.


il n’en sorte aucun son ? Si je suis l’ombre de moi-même, veux-tu donc que je m’arrache le seul fil qui rattache aujourd’hui mon cœur à quelques fibres de