Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/133

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ma fille ! Quels noms portent ces créatures ! je ne puis le dire ; oui, il manquait cela à Lorenzo. Viens, je veux lui porter cette lettre ouverte, et savoir devant Dieu comment il répondra.

Catherine.

Je croyais que le duc aimait ;… pardon, ma mère ; mais je croyais que le duc aimait la comtesse de Cibo ; on me l’avait dit…

Marie.

Cela est vrai, il l’a aimée, s’il peut aimer.

Catherine.

Il ne l’aime plus ? Ah ! comment peut-on offrir sans honte un cœur pareil ! Venez, ma mère ; venez chez Lorenzo.

Marie.

Donne-moi ton bras. Je ne sais ce que j’éprouve depuis quelques jours ; j’ai eu la fièvre toutes les nuits : il est vrai que depuis trois mois elle ne me quitte guère. J’ai trop souffert, ma pauvre Catherine ; pourquoi m’as-tu lu cette lettre ? Je ne puis plus rien supporter. Je ne suis plus jeune, et cependant il me semble que je le redeviendrais à certaines conditions ; mais tout ce que je vois m’entraîne vers la tombe. Allons ! soutiens-moi, pauvre enfant ; je ne te donnerai pas longtemps cette peine.

Elles sortent.