Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/207

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millions de diables ! que j’enrage ! Tenez ! voilà les courriers de Trebbio qui arrivent ; Côme n’est pas loin d’ici. Bonsoir, voisin, le sang me démange ! il faut que j’aille au palais.

Il sort.
Le marchand.

Attendez donc, voisin ; je vais avec vous.

Il sort. — Entre un précepteur avec le petit Salviati, et un autre avec le petit Strozzi.
Le premier précepteur.

Sapientissime doctor, comment se porte Votre Seigneurie ? Le trésor de votre précieuse santé est-il dans une assiette régulière, et votre équilibre se maintient-il convenable par ces tempêtes où nous voilà ?

Le deuxième précepteur.

C’est chose grave, seigneur docteur, qu’une rencontre aussi érudite et aussi fleurie que la vôtre, sur cette terre soucieuse et lézardée. Souffrez que je presse cette main gigantesque, d’où sont sortis les chefs-d’œuvre de notre langue. Avouez-le, vous avez fait depuis peu un sonnet.

Le petit Salviati.

Canaille de Strozzi que tu es !

Le petit Strozzi.

Ton père a été rossé, Salviati.

Le premier précepteur.

Ce pauvre ébat de notre muse serait-il allé jusqu’à vous, qui êtes homme d’art si consciencieux, si large