Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/262

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Jacqueline.

Mais si cela se trouvait ainsi, vous comprenez, n’est-il pas vrai, que, pour avoir dans la maison le libre accès dont je vous parle, le confident devrait s’y montrer autre part qu’à la salle basse ? Vous comprenez qu’il faudrait que sa place fût à la table et au salon ? Vous comprenez que la discrétion est une vertu trop difficile pour qu’on lui manque de reconnaissance, mais qu’en outre du bon vouloir, le savoir-faire n’y gâterait rien ? Il faudrait qu’un soir, je suppose comme ce soir, s’il faisait beau, il sût trouver la porte entr’ouverte et apporter un bijou furtif comme un hardi contrebandier. Il faudrait qu’un air de mystère ne trahît jamais son adresse ; qu’il fût prudent, leste et avisé ; qu’il se souvînt d’un proverbe espagnol qui mène loin ceux qui le suivent : « Aux audacieux Dieu prête la main ».

Fortunio.

Je vous en supplie, servez-vous de moi.

Jacqueline.

Toutes ces conditions remplies, pour peu qu’on fût sûr du silence, on pourrait dire au confident le nom de sa nouvelle amie. Il recevrait alors sans scrupule, adroitement comme une jeune soubrette, une bourse dont il saurait l’emploi. Preste ! j’aperçois Madeleine qui vient m’apporter mon manteau. Discrétion et prudence, adieu. L’amie, c’est moi ; le confident, c’est vous ; la bourse est là au pied de la chaise.

Elle sort. — Guillaume et Landry sur le pas de la porte.