Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/362

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Valentin.

Il n’y a jamais de raison à donner pourquoi les gens plaisent ou déplaisent. Il est certain qu’elle me déplaît, elle, sa foulure et son bouillon.

Van Buck.

C’est votre amour-propre qui souffre. Si je n’avais pas été là, vous seriez venu me faire cent contes sur votre premier entretien, et vous targuer de belles espérances. Vous vous étiez imaginé faire sa conquête en un clin d’œil, et c’est là où le bât vous blesse. [Elle vous plaisait hier au soir, quand vous ne l’aviez encore qu’entrevue, et qu’elle s’empressait avec sa mère à vous soigner de votre sot accident. Maintenant] vous la trouvez laide, parce qu’elle fait à peine attention à vous. Je vous connais mieux que vous ne pensez, et je ne céderai pas si vite. Je vous défends de vous en aller.

Valentin.

Comme vous voudrez. Je ne veux pas d’elle ; je vous répète que je la trouve laide ; elle a un air niais qui est révoltant. Ses yeux sont grands, c’est vrai, mais ils ne veulent rien dire ; [ses cheveux sont beaux, mais elle a le front plat ;] quant à la taille, c’est peut-être ce qu’elle a de mieux, quoique vous ne la trouviez que passable. Je la félicite de savoir l’italien, elle y a peut-être plus d’esprit qu’en français ; pour ce qui est de sa dot, qu’elle la garde, je n’en veux pas plus que de son bouillon.