Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/42

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Salviati.

On m’a dit qu’il y avait ici des femmes qui me demandaient tout à l’heure ; mais je ne vois de robe ici que la vôtre, prieur. Est-ce que je me trompe ?

Le marchand.

Excellence, on ne vous a pas trompé. Elles se sont éloignées ; mais je pense qu’elles vont revenir. Voilà dix aunes d’étoffes et quatre paires de bas pour elles.

Salviati, s’asseyant.

Voilà une jolie femme qui passe. — Où diable l’ai-je donc vue ? — Ah ! parbleu ! c’est dans mon lit.

Le prieur, au bourgeois.

Je crois avoir vu votre signature sur une lettre adressée au duc.

Le bourgeois.

Je le dis tout haut : c’est la supplique adressée par les bannis.

Le prieur.

En avez-vous dans votre famille ?

Le bourgeois.

Deux, Excellence : mon père et mon oncle ; il n’y a plus que moi d’homme à la maison.

Le deuxième bourgeois, à l’orfèvre.

Comme ce Salviati a une méchante langue !

L’orfèvre.

Cela n’est pas étonnant : un homme à moitié ruiné, vivant des générosités de ces Médicis, et marié comme il l’est à une femme déshonorée partout ! Il voudrait