Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/43

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qu’on dît de toutes les femmes possibles ce qu’on dit de la sienne.

Salviati.

N’est-ce pas Louise Strozzi qui passe sur ce tertre ?

Le marchand.

Elle-même, Seigneurie. Peu des dames de notre noblesse me sont inconnues. Si je ne me trompe, elle donne la main à sa sœur cadette.

Salviati.

J’ai rencontré cette Louise la nuit dernière au bal de Nasi ; elle a, ma foi, une jolie jambe, et nous devons coucher ensemble au premier jour.

Le prieur, se retournant.

Comment l’entendez-vous ?

Salviati.

Cela est clair, elle me l’a dit. Je lui tenais l’étrier, ne pensant guère à malice ; je ne sais par quelle distraction je lui pris la jambe, et voilà comme tout est venu.

Le prieur.

Julien, je ne sais pas si tu sais que c’est de ma sœur que tu parles.

Salviati.

Je le sais très bien ; toutes les femmes sont faites pour coucher avec les hommes, et ta sœur peut bien coucher avec moi.

Le prieur se lève.

Vous dois-je quelque chose, brave homme ?

Il jette une pièce de monnaie sur la table et sort.