Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/10

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Chavigny.

Vous avez l’air troublé, préoccupé. J’oublie toujours, quand j’entre chez vous, que je suis votre mari, et je pousse la porte trop vite.

Mathilde.

Il y a là un peu de méchanceté ; mais, comme il y a aussi un peu d’amour, je ne vous en embrasserai pas moins.

Elle l’embrasse.

Qu’est-ce que vous croyez donc être, monsieur, quand vous oubliez que vous êtes mon mari ?

Chavigny.

Ton amant, ma belle ; est-ce que je me trompe ?

Mathilde.

Amant et ami, tu ne te trompes pas.

À part.

J’ai envie de lui donner la bourse comme elle est.

Chavigny.

Quelle robe as-tu donc ? Tu ne sors pas ?

Mathilde.

Non, je voulais… j’espérais que peut-être ?…

Chavigny.

Vous espériez ?… Qu’est-ce que c’est donc ?

Mathilde.

Tu vas au bal ? tu es superbe.

Chavigny.

Pas trop ; je ne sais si c’est ma faute ou celle du tailleur, mais je n’ai plus ma tournure du régiment.