Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/174

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mettant ses papillotes. Ainsi se détruisent les plus beaux talents, et l’on a vu des gens couverts de gloire dans les armées et même dans le cabinet perdre leur fortune, faute d’une montre convenable et ponctuellement réglée. La tienne va-t-elle bien, mon ami ?

Germain.

Je la mets à l’heure continuellement, monsieur.

Le baron.

Fort bien. Tu sauras donc enfin que, ayant rencontré à Compiègne la marquise de Morivaux, qui me donna une place dans sa voiture, j’appris que l’on m’avait trompé par des renseignements peu exacts, et que le ministre revenait à Paris. Son Excellence me reçut à deux heures et demie, et voulut bien m’annoncer elle-même que la grande-duchesse de Gotha était accouchée, comme je te le disais tout à l’heure, et que le roi avait fait choix de moi et de mon neveu pour aller la complimenter.

Germain.

À Gotha, monsieur ?

Le baron.

À Gotha. C’est un grand honneur pour ton maître.

Germain.

Oui, monsieur, mais il est sorti.

Le baron.

Voilà ce que je ne puis comprendre. Il est donc toujours aussi étourdi, aussi distrait que de coutume ? Toujours oubliant tout !