Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/23

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Mathilde.

Et si je vous demandais cette bourse, m’en feriez-vous le sacrifice ?

Chavigny.

Peut-être ; à quoi vous servirait-elle ?

Mathilde.

Il n’importe ; je vous la demande.

Chavigny.

Ce n’est pas pour la porter, je suppose ? Je veux savoir ce que vous en feriez.

Mathilde.

C’est pour la porter.

Chavigny.

Quelle plaisanterie ! Vous porteriez une bourse faite par madame de Blainville ?

Mathilde.

Pourquoi non ? Vous la portez bien.

Chavigny.

La belle raison ! Je ne suis pas femme.

Mathilde.

Eh bien ! si je ne m’en sers pas, je la jetterai au feu !

Chavigny.

Ah ! ah ! vous voilà donc enfin sincère. Eh bien ! très sincèrement aussi, je la garderai, si vous le permettez.

Mathilde.

Vous en êtes libre, assurément ; mais je vous avoue qu’il m’est cruel de penser que tout le monde sait qui vous l’a faite, et que vous allez la montrer partout.