Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/28

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Moi, je trouve ça laid, franchement ; je le porterai trois fois, par politesse, et puis je le donnerai à Ursule.

Mathilde.

Une femme de chambre ne peut pas mettre cela.

Madame de Léry.

C’est vrai ; je m’en ferai un petit tapis.

Mathilde.

Eh bien ! ce bal était-il beau ?

Madame de Léry.

Ah ! mon Dieu, ce bal ! mais je n’en viens pas. Vous ne croiriez jamais ce qui m’arrive.

Mathilde.

Vous n’y êtes donc pas allée ?

Madame de Léry.

Si fait, j’y suis allée, mais je n’y suis pas entrée. C’est à mourir de rire. Figurez-vous une queue,… une queue…

Elle éclate de rire.

Ces choses-là vous font-elles peur, à vous ?

Mathilde.

Mais oui ; je n’aime pas les embarras de voitures.

Madame de Léry.

C’est désolant quand on est seule. J’avais beau crier au cocher d’avancer, il ne bougeait pas ; j’étais d’une colère ! j’avais envie de monter sur le siège ; je vous réponds bien que j’aurais coupé leur queue. Mais c’est si bête d’être là, en toilette, vis-à-vis d’un carreau mouillé ; car, avec cela, il pleut à verse. Je me suis