Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/297

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Le marquis.

Eh ! oui, eh ! oui, je la connais.

Bettine.

La croyez-vous capable d’une mauvaise action ?

Le marquis.

Eh ! je n’en sais rien.

Bettine.

Mais je dis,… d’une perfidie,… d’une noirceur…

Le marquis.

Eh ! qui en répondrait ?

Bettine.

Stéfani, vous m’épouvantez. Écoutez-moi : vous m’avez vue ce matin presque jalouse de cette femme.

Le marquis.

Vous l’étiez bien un peu tout à fait.

Bettine.

Oui, par instants ; mais vous savez ce que c’est, mon ami : — on croit douter des gens qu’on aime, on les accable de reproches, on les appelle parjures, infidèles ;… au fond de l’âme on n’en croit pas un mot, et pendant que la bouche accuse, le cœur absout. N’est-ce pas vrai ?

Le marquis.

Sans doute. Eh bien ? ma chère Bettine…

Bettine.

Eh bien ! marquis, sincèrement, je n’ai jamais pensé, je n’ai jamais cru possible qu’il aimât cette femme.