Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/32

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Madame de Léry.

Est-ce bien franc ? Je reste, si vous voulez ; mais vous me direz vos peines.

Mathilde secoue la tête.

Non ? Alors je m’en vais, car vous comprenez que du moment que je ne suis bonne à rien, je ne peux que nuire involontairement.

Mathilde.

Restez, votre présence m’est précieuse, votre esprit m’amuse, et s’il était vrai que j’eusse quelque souci, votre gaieté le chasserait.

Madame de Léry.

Tenez, je vous aime. Vous me croyez peut-être légère ; personne n’est si sérieux que moi pour les choses sérieuses. Je ne comprends pas qu’on joue avec le cœur, et c’est pour cela que j’ai l’air d’en manquer. Je sais ce que c’est que de souffrir, on me l’a appris bien jeune encore. Je sais aussi ce que c’est que de dire ses chagrins. Si ce qui vous afflige peut se confier, parlez hardiment : ce n’est pas la curiosité qui me pousse.

Mathilde.

Je vous crois bonne, et surtout très sincère ; mais dispensez-moi de vous obéir.

Madame de Léry.

Ah, mon Dieu ! j’y suis ! c’est la bourse bleue. J’ai fait une sottise affreuse en nommant madame de