Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/320

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Maître Bernard.

Si mes remèdes ne peuvent rien, que peut donc votre bavardage ? Mais c’est votre unique passe-temps de nous inonder de discours inutiles. Dieu merci, la patience est une belle vertu.

Dame Pâque.

Si vous aimiez votre pauvre fille, elle serait bientôt guérie.

Maître Bernard.

Pourquoi me dites-vous cela ? Êtes-vous folle ? Ne voyez-vous pas ce que je fais du matin au soir ? Pauvre chère âme ! tout ce que j’aime ! Dites-moi, n’est-ce donc pas assez de voir souffrir l’enfant de mon cœur, sans avoir sur le dos vos éternels reproches ? car on dirait, à vous entendre, que je suis cause de tout le mal. Y a-t-il moyen de rien comprendre à cette mélancolie qui la tue ? Maudites soient les fêtes de la reine, et que les tournois aillent à tous les diables !

Dame Pâque.

Vous en revenez toujours à vos moutons.

Maître Bernard.

Oui, on ne m’ôtera pas de la tête qu’elle est tombée malade un dimanche, précisément en revenant de la passe d’armes. Je la vois encore s’asseoir là, sur cette chaise ; comme elle était pâle et toute pensive ! comme elle regardait tristement ses petits pieds couverts de poussière ? Elle n’a dit mot de la journée, et le souper s’est passé sans elle.