Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/402

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Carmosine.

Vous la prendrez, si vous êtes honnête homme… Je vous lègue mon père.

Perillo.

Carmosine !… Vous me parlez, en vérité, comme si vous aviez un pied dans la tombe. Cette romance que, tout à l’heure, vous vous plaisiez à répéter, je ne m’y suis pas trompé, j’en suis sûr, c’est votre histoire, c’est pour vous qu’elle est faite, c’est votre secret : vous voulez mourir.

Carmosine.

Prends garde ! Ne parle pas si haut.

Perillo.

[Et qu’importe que l’on m’entende si ce que je dis est la vérité ! Si vous avez dans l’âme cette affreuse idée de quitter volontairement la vie, et de nous cacher vos souffrances, jusqu’à ce qu’on vous voie tout à coup expirer au milieu de nous… Que dis-je, grand Dieu ! quel soupçon horrible ! S’il se pouvait que, lassée de souffrir, fidèle seulement à votre affreux silence, vous eussiez conçu la pensée…] Vous me recommandiez votre père… Vous ne voudriez pas tuer sa fille !

Carmosine.

Ce n’est pas la peine, mon ami ; la mort n’a que faire d’une main si faible.

Perillo.

Mais vous souhaitez donc qu’elle vienne ? Pourquoi trompez-vous votre père ? Pourquoi affectez-vous devant