Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/51

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veut vous tenter, et voir si vous porterez celle-ci ou la sienne.

Chavigny.

Je porterai celle-ci sans aucun doute. C’est le seul moyen de savoir qui l’a faite.

Madame de Léry.

Je ne comprends pas ; c’est trop profond pour moi.

Chavigny.

Je suppose que la personne qui me l’a envoyée me la voie demain entre les mains ; croyez-vous que je m’y tromperais ?

Madame de Léry, éclatant de rire.

Ah ! c’est trop fort ; je n’y tiens pas.

Chavigny.

Est-ce que ce serait vous, par hasard ?

Un silence.
Madame de Léry.

Voilà votre thé, fait de ma blanche main, et il sera meilleur que celui que vous m’avez fabriqué tout à l’heure. Mais finissez donc de me regarder. Est-ce que vous me prenez pour une lettre anonyme ?

Chavigny.

C’est vous, c’est quelque plaisanterie. Il y a un complot là-dessous.

Madame de Léry.

C’est un petit complot assez bien tricoté.

Chavigny.

Avouez donc que vous en êtes.