Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/69

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La marquise.

Pour ma gloire, je ne veux pas le dire.

Le comte.

Ma foi, je vous l’avouerai ; avant d’entrer ici, je l’étais un peu.

La marquise.

Quoi ? Je le demande à mon tour.

Le comte.

Vous fâcherez-vous si je vous le dis ?

La marquise.

J’ai un bal ce soir où je veux être jolie : je ne me fâcherai pas de la journée.

Le comte.

Eh bien ! j’étais un peu ennuyé. Je ne sais ce que j’ai ; c’est un mal à la mode, comme vos réceptions.

Je me désole depuis midi ; j’ai fait quatre visites sans trouver personne. Je devais dîner quelque part ; je me suis excusé sans raison. Il n’y a pas un spectacle ce soir. Je suis sorti par un temps glacé ; je n’ai vu que des nez rouges et des joues violettes. Je ne sais que faire, je suis bête comme un feuilleton.

La marquise.

Je vous en offre autant ; je m’ennuie à crier. C’est le temps qu’il fait, sans aucun doute.

Le comte.

Le fait est que le froid est odieux ; l’hiver est une maladie. Les badauds voient le pavé propre, le ciel