Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/87

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rature, et si vous pourriez vous flatter de m’apprendre quelque chose de nouveau.

Le comte.

Vous êtes bien blasée, marquise.

La marquise.

Des injures ? J’aime mieux cela ; c’est moins fade que vos sucreries.

Le comte.

Oui, en vérité, vous êtes bien blasée.

La marquise.

Vous le croyez ? Eh bien ! pas du tout.

Le comte.

Comme une vieille Anglaise, mère de quatorze enfants.

La marquise.

Comme la plume qui danse sur mon chapeau. Vous vous figurez donc que c’est une science bien profonde que de vous savoir tous par cœur ? Mais il n’y a pas besoin d’étudier pour apprendre ; il n’y a qu’à vous laisser faire. Réfléchissez ; c’est un calcul bien simple. Les hommes assez braves pour respecter nos pauvres oreilles, et pour ne pas tomber dans la sucrerie, sont extrêmement rares. D’un autre côté, il n’est pas contestable que, dans ces tristes instants où vous tâchez de mentir pour essayer de plaire, vous vous ressemblez tous comme des capucins de cartes. Heureusement pour nous, la justice du ciel n’a pas mis à votre disposition un vocabulaire très varié. Vous n’avez tous, comme on dit, qu’une chanson, en sorte que le seul