Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/96

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Le comte.

Je suis perdu, je vous aime comme un enfant. Je vous jure sur ce qu’il y a de plus sacré au monde…

La marquise.

Adieu.

Elle veut sortir.
Le comte.

C’est moi qui sors, madame ; restez, je vous en supplie. Ah ! je sens combien je vais souffrir !

La marquise, d’un ton sérieux.

Mais, enfin, monsieur, qu’est-ce que vous me voulez ?

Le comte.

Mais, madame, je veux,… je désirerais…

La marquise.

Quoi ? car enfin vous m’impatientez. Vous imaginez-vous que je vais être votre maîtresse, et hériter de vos chapeaux roses ? Je vous préviens qu’une pareille idée fait plus que me déplaire, elle me révolte.

Le comte.

Vous, marquise ! grand Dieu ! s’il était possible, ce serait ma vie entière que je mettrais à vos pieds ; ce serait mon nom, mes biens, mon honneur même que je voudrais vous confier. Moi, vous confondre un seul instant, je ne dis pas seulement avec ces créatures dont vous ne parlez que pour me chagriner, mais avec aucune femme au monde ! L’avez-vous bien pu sup-