Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Confession d’un enfant du siècle.djvu/381

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comme elle t’a amené à ton père ; nous ne venons que couronnés d’épines nous incliner devant ton image ; nous ne touchons à tes pieds sanglants qu’avec des mains ensanglantées, et tu as souffert le martyre pour être aimé des malheureux.

Les premiers rayons de l’aurore commençaient à paraître ; tout s’éveillait peu à peu, et l’air s’emplissait de bruits lointains et confus. Faible et épuisé de fatigue, j’allais quitter Brigitte pour prendre un peu de repos. Comme je sortais, une robe jetée sur un fauteuil glissa à terre près de moi, et il en tomba un papier plié. Je le ramassai : c’était une lettre, et je reconnus la main de Brigitte. L’enveloppe n’était pas cachetée ; je l’ouvris et lus ce qui suit :

« 25 décembre 18..

« Lorsque vous recevrez cette lettre, je serai loin de vous, et peut-être ne la recevrez-vous jamais. Ma destinée est liée à celle d’un homme à qui j’ai tout sacrifié ; vivre sans moi lui est impossible, et je vais essayer de mourir pour lui. Je vous aime, adieu, plaignez-nous. »

Je retournai le papier après l’avoir lu, et je vis sur l’adresse : « À M. Henri Smith, à N***, poste restante. »