Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Mélanges de littérature et de critique.djvu/390

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pendant qu’Adrien, le plus jeune, s’apprêtait, par l’étude des lois, à succéder dignement à son père, l’une des trois sœurs, recevant par son mariage le nom déjà célèbre d’Élie de Beaumont, devenait en outre la belle-sœur de la fille de Cabanis. Le nom de Condorcet, celui de Grouchy, venaient se joindre à ces alliances. Cette modeste et illustre famille touchait ainsi à toutes nos gloires.

Le goût des lettres ne fut pas la première vocation du jeune Emmanuel. Élevé dans un port jusqu’à l’âge de onze ans, doué d’un esprit libre et hardi, n’ayant jamais été ni au collège, ni dans aucune école publique, il annonça dès son enfance un penchant décidé pour l’état de marin. Le voisinage de l’Atlantique avait facilement parlé à cette vive imagination ; il s’entretenait sans cesse avec ses frères et sœurs de voyages périlleux, d’expéditions lointaines ; il dessinait de petites marines avec beaucoup de finesse et d’habileté, talent aimable, comme celui de la miniature, qu’il a toujours gardé et cultivé ; mais en même temps il voulait être soldat. Ce n’était pas assez pour lui de l’inconstant hasard des mers, il y voulait encore l’attrait des combats : tous les dangers plaisaient à son courage.

Je ne sais si, dans cette voie qui effrayait la tendresse maternelle, il fut approuvé ou retenu par un homme plein de science et de sagesse dont je ne dois point passer le nom sous silence, puisque M. Dupaty ne l’a jamais oublié ; car l’un des traits les plus saillants de ce géné-