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Renduel ce volume dont le titre : un Spectacle dans un fauteuil, était puisé dans le souvenir de l’orageuse soirée odéonienne. Renduel témoigna peu d’empressement à conclure cette affaire : « Les vers, disait-il, n’étaient pas une denrée facile à écouler, tandis que la prose se vendait comme du pain. » Heureusement je venais de commencer à faire de ce pain-là. Par égard pour moi, Renduel consentit à prendre la denrée d’un écoulement difficile. Le manuscrit était entre les mains des compositeurs et les épreuves arrivaient, quand du fond de l’imprimerie sortit ce cri d’alarme : « La copie va manquer ; la copie manque ! » L’éditeur accourut :

« Nous n’atteignons, dit-il, qu’à 203 pages, et il nous en faut 300. Le volume, sans cela, ne serait pas présentable.

L’auteur se remit à l’ouvrage. Il écrivit Namouna plus rapidement encore qu’il n’avait fait Mardoche. On n’atteignit qu’à 288 pages ; mais la marchandise étant rimée, par conséquent de seconde catégorie, on se contenta du peu. Alfred de Musset convoqua ses amis et leur fit lecture de la Coupe et les Lèvres et de la comédie À quoi rêvent les jeunes filles. L’auditoire se composait des personnes qui avaient applaudi, trois ans auparavant, les Contes d’Espagne ; mais quelle différence ! On écouta jusqu’au bout dans un silence morne. Était-ce admiration, saisissement, surprise ou mécontentement ? Je ne sais.