Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/162

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traits caractéristiques. Si l’on tentait de séparer la part de la réalité de ce qui appartient à l’art ou aux besoins de la cause, on verrait bientôt que ce travail est impossible, et, quand même on en viendrait à bout, on ne répandrait aucune clarté sur la vie de l’auteur.

Quant à Desgenais, je n’ai pas besoin de faire remarquer qu’un type de cette force ne peut pas être un portrait. Ce personnage résume en lui toute une classe de jeunes gens que l’auteur a vus de près et qu’il appelle les hommes de chair, par opposition aux hommes de sentiment, dont le type est Octave[1]. La Confession, retardée par tant d’événements ignorés du public, était attendue impatiemment. Elle parut dans les premiers jours de l’année 1836. Ceux qui espéraient des révélations furent désappointés. Il n’y eut pas le moindre scandale. Ce que je puis conseiller de mieux aux lecteurs d’aujourd’hui, c’est de ne point faire de conjectures sur cet ouvrage, et d’y apprendre plutôt à se connaître eux-mêmes et à juger le siècle où ils vivent.

  1. Alfred de Musset, en assistant un soir à la représentation d’une pièce du Vaudeville qui faisait quelque bruit, fut étonné du sans-gêne avec lequel on s’était emparé des noms de Desgenais et de Marco pour en affubler des personnages à peine ébauchés, comme si un de ses ouvrages les plus considérables et les plus connus eût été nul et non avenu.
    P. M.