Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps il faisait preuve d’un sentiment profond de cet art qu’il était censé ne pas connaître. Je ne crois pas que le talent de Pauline Garcia ait été jamais plus justement défini et apprécié que dans ces six pages de la Revue des Deux-Mondes. Depuis trois mois qu’il plaidait pour les deux jeunes muses de la tragédie et de la musique, le critique impartial et sincère s’était seul montré ; il fallait que le tour du poète arrivât. Un incident fort simple fit naître l’occasion.

Alfred l’a raconté lui-même dans un article de la Revue des Deux-Mondes, du 1er janvier 1839, qui finit par une pièce de vers bien connue, adressée à Rachel et à Pauline Garcia.

« Il ne m’appartient malheureusement pas, disait le poète trop modeste, de suivre ces deux jeunes filles. »

Et qui donc pouvait les suivre, si ce n’était lui ? — Il aurait dû dire : « C’est à moi qu’il appartient, non de les suivre, mais de les diriger par la main dans le droit chemin de l’art, du beau et de la vérité. » — C’était pourtant sincèrement qu’il poussait ce soupir de regret. Ce soupir signifiait : Ah ! si l’on m’en croyait digne, avec quel plaisir je mettrais mon talent au service de tels interprètes !

Ainsi finit l’année 1838, la plus féconde et la plus heureuse de sa vie, parce qu’elle fut la plus riche en illusions.

Mais ce n’était point assez des amours poétiques,