Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/218

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du dénoûment, il se frottait les mains en répétant : « Finis prosæ ! »

Il adressait alors ses hommages à une femme, artiste de talent, qui le traitait avec une défiance et une dureté d’autant plus inexplicables qu’il lui avait rendu de véritables services. Je n’ai compris que longtemps après comment et par qui cette personne, d’une intelligence rare, s’était laissé prévenir défavorablement contre un homme dont les galanteries poétiques pouvaient la rendre immortelle. Cette rigueur injuste et sans motif chagrinait Alfred de Musset. Dans un accès de dépit, il écrivit les stances à mademoiselle ***, qui commencent ainsi :*


Oui, femmes, quoi qu’on puisse dire,


Mais ce reproche terrible ne fut pas son dernier mot, car, l’année suivante, il adressait à la même personne les vers intitulés Adieu, où l’on voit que sa colère s’était fort adoucie. Au moment d’un départ, le poète ne sentait plus que le regret d’une séparation. D’ailleurs, ni les stances à mademoiselle *** ni l’Adieu ne furent envoyés à leur adresse, et celle qui les avait inspirés les aura peut-être lus dix ans plus tard sans s’y reconnaître. Alfred communiquait ces poésies personnelles à sa marraine, dépositaire de ses plus secrètes pensées, et lui en remettait des copies ; le lendemain, c’était autre chose qui l’agitait. D’autres morceaux du même genre, qu’il composa au prin-