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seur, j’espérais qu’il revenait à Paris pour elle ; mais il était écrit que ces deux êtres, dont l’accord était si désirable, ne pourraient demeurer bons amis plus de quinze jours. À peine Alfred eût-il revu Rachel qu’ils se trouvèrent brouillés ensemble.

Ce qui donna à ces riens une importance très sérieuse, c’est que, par suite de la querelle, il ne fut plus question ni d’Alceste ni de la Servante du roi, et que l’acte déjà écrit de cette dernière pièce alla dormir dans un carton. Bien des gens pourront trouver que l’auteur ne comprenait guère ses véritables intérêts. Sans aucun doute, parmi les auteurs dramatiques vivants, plus d’un aurait poursuivi son travail sans se soucier ni des propos de Rachel ni de son ingratitude. Plus d’un se serait dit : « Qu’elle parle de moi comme elle voudra ; pourvu qu’elle accepte un rôle de ma façon et que la pièce me rapporte beaucoup d’argent, le reste est peu de chose. » Mais Alfred de Musset ne ressemblait pas à tout le monde, et puisque la sensibilité des poètes, si déraisonnable qu’elle paraisse, est la source de leur génie, il faut bien la leur pardonner.

Le moyen d’oublier Frédégonde, Rachel et les tracasseries de coulisses, c’était de se plonger dans le monde idéal, et de travailler pour quelque autre personne, par exemple pour la marraine, à qui le sujet de Simone plaisait beaucoup. Ce petit poème qu’Alfred écrivit avec plaisir et entrain, parut dans la Revue, le 1er décembre 1840.