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un langage fort sérieux. Alfred écrivit à cette belle conseillère pour lui faire savoir combien il regrettait ses sermons affectueux auxquels sa parole donnait tant de douceur que, pour les entendre encore, il eût fait volontiers une petite maladie. La princesse lui répondit en l’invitant à venir chercher, en Italie, un ciel clément, un régime sain et d’autres sujets d’inspiration poétique que ceux du boulevard de Gand. Elle lui promettait liberté complète, un vaste logement, une bibliothèque de famille pleine de livres rares, et autant de sermons qu’il en pourrait souhaiter. Cette gracieuse invitation le remplit de joie et de reconnaissance. Bien des fois il répéta, pendant l’hiver de 1841 : « Je ne suis pas oublié de tout le monde. Quand je m’ennuierai trop ici, je sais où trouver l’hospitalité. »

Mais, tandis qu’à Paris il parlait d’aller en Italie, il écrivait à Milan que ce projet de voyage était un rêve.

Au mois de mai, ce fut le tour de la marraine. Ordinairement elle ne faisait pas de longues absences. Cette année-là, elle partit pour la campagne dans le dessein d’y demeurer une grande partie de l’été. Il est vrai qu’elle se garda de faire part de ses intentions à son filleul ; mais lui, tout en l’attendant de jour en jour, il revenait à son triste refrain : que ses amis l’abandonnaient et que le désert s’étendait autour de lui.