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avait tant de ressort qu’il se rétablissait en quelques heures. Je le quittais alité, abattu ; je revenais un moment après, pour lui tenir compagnie, et je le trouvais debout, chaussant ses bottes pour sortir. En deux occasions, nous appelâmes les médecins, dans le cours de l’hiver ; ils le saignèrent trop souvent.

Quoi qu’ils en aient dit, je suis persuadé que leurs lancettes lui ont fait un mal irréparable. Un matin du mois de mars, pendant le déjeuner, je m’aperçus que mon frère, à chaque battement du pouls, éprouvait un petit hochement de tête involontaire. Il nous demanda pourquoi nous le regardions d’un air étonné, ma mère et moi. Nous lui fîmes part de notre observation. « Je ne croyais pas, nous répondit-il, que cela fût visible ; mais je vais vous rassurer. »

Il se pressa la nuque, je ne sais comment, avec l’index et le pouce, et, au bout d’un moment, la tête cessa de marquer les pulsations du sang : « Vous voyez, nous dit-il ensuite, que cette épouvantable maladie se guérit par des moyens simples et peu coûteux. »

Nous nous rassurâmes par ignorance, car nous venions de remarquer le premier symptôme d’une affection grave, à laquelle il devait succomber quinze ans plus tard.

Au retour de la belle saison, Alfred exprima le désir de chercher du repos à la campagne. Les médecins le lui conseillaient. Notre excellent ami et