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père, l’autorisation d’amener quelques-uns de ses camarades au château de Neuilly les jours de congé. L’élève le plus fort de la classe ne pouvait manquer d’être au nombre des invités. Il plut à toute la famille d’Orléans et particulièrement à la mère des jeunes princes, qui recommandait à son fils de ne pas oublier le petit blondin. La recommandation était inutile : de Chartres, — comme on l’appelait au collège, — avait une préférence marquée pour Alfred. Pendant les classes, il lui écrivit quantité de billets sur des chiffons de papier. La plupart de ces billets ne sont que des invitations à venir dîner à Neuilly ; mais le ton en est plein de franchise. Je citerai seulement le dernier, qui est une réponse à une lettre d’adieu trop respectueuse, au gré du jeune prince :


« C’est aujourd’hui la dernière fois que je viens au collège. Comme nous ne nous verrons pas d’ici à quelque temps, je vous serai bien obligé de m’écrire. Nous allons partir le 21, pour ne revenir que le 9 août. Nous vagabonderons en Auvergne, en Savoie et sur les bords du lac de Genève. Adieu et tout à vous.

« de Chartres.

« P. S. — J’attendais de vous autre chose que des respects. »


Pendant le voyage dont il est question, le prince adressa encore à son ancien camarade deux longues