Page:Musset - Poésies, édition Nelson.djvu/68

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Toi, déesse des chants, à qui, dans son supplice,
La douleur tend les bras, criant : — Consolatrice!
Consolatrice!
                  A l’âge où la chaleur du sang
Fait éclore un désir à chaque battement,
Où l’homme, apercevant, des portes de la vie,
La Mort à l’horizon, s’avance et la défie; —
Parmi les passions qui viennent tour à tour
S’asseoir au fond du cœur sur un trône invisible,
La haine, — l’intérêt, — l’ambition, — l’amour,
Tiburce n’en connaît qu’une, — la plus terrible.
Jusqu’à ce jour, du moins, le sillon n’a senti
Des autres que le germe; une seule a grandi.
Quant à cette secrète et froide maladie,
Misérable cancer d’un monde qui s’en va,
Ce facile mépris de l’homme et de la vie,
Nul de l’avoir connu jamais ne l’accusa.
Mais pourquoi cherchait-il ainsi la solitude?

On ne sait. — Dès longtemps il chérissait l’étude.
Autrefois ignoré, mais content de son sort,
Il marcha sur les pas de ceux à qui la mort
Révèle les secrets de l’être et de la vie.
Incliné sous la lampe, infatigable amant
D’une science aride et longtemps poursuivie,