Page:Musset - Poésies, édition Nelson.djvu/89

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Cette terre est fertile, et va bientôt fleurir
Sur le débris nouveau qu’elle vient de couvrir...
 
O terre ! toi qui sais sous la tombe muette
Garder si bien les morts que l’Océan rejette,
Quand ton sein, fécondé par la corruption.
Redemande la vie à la destruction,
Qu’es-tu donc qu’un sépulcre immense, et dont l’emblême
Est le serpent roulé qui se ronge lui-même ?
— Mais vous, rêves d’amour, rires, propos d’enfant,
Et toi, charme inconnu dont rien ne se défen,.
Qui fis hésiter Faust au seuil de Marguerite,
Doux mystère du toit que l’innocence habite,
Candeur des premiers jours, qu’êtes-vous devenus ? —

Paix profonde à ton âme, enfant ! à ta mémoire !
Adieu ! Ta blanche main sur le clavier d’ivoire
Durant les nuits d’été ne voltigera plus...


IX
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Glisse au sein de la nuit, beau brick de l’ Espérance !
Terre d’Ecosse, adieu ! Glisse, fils des forêts !
— Que l’on tienne les yeux, que l’on veille de près
Sur ce jeune homme en deuil qui seul, dans le silence,