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ACTE CINQUIÈME


Scène PREMIÈRE

Une place.
DÉIDAMIA, LES VIERGES ET LES FEMMES.
DÉIDAMIA.

Tressez-moi ma guirlande, ô mes belles chéries !
Couronnez de vos fleurs mes pauvres rêveries.
Posez sur ma langueur votre voile embaumé ;
Au coucher du soleil j’attends mon bien-aimé.

LES VIERGES.

Adieu, nous te perdons, ô fille des montagnes !
Le bonheur nous oublie en venant te chercher.
Arrose ton bouquet des pleurs de tes compagnes ;
Fleur de notre couronne, on va t’en arracher.

LES FEMMES.

Vierge, à ton beau guerrier nous allons te conduire.
Nous te dépouillerons du manteau virginal.
Bientôt les doux secrets qu’il nous reste à te dire
Feront trembler ta main sous l’anneau nuptial.

LES VIERGES.

L’écho n’entendra plus ta chanson dans la plaine ;
Tu ne jetteras plus la toison des béliers
Sous les lions d’airain, pères de la fontaine,
Et la neige oubliera la forme de tes pieds.