Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1863.djvu/296

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Ils ne leur laissent plus de neuf que l’adultère.
Si vous étiez ainsi, j’aimerais mieux Irus.
Rappelez-vous ces mots, qui sont dans l’Hespérus :
« Respectez votre femme, amassez de la terre
Autour de cette fleur prête à s’épanouir ;
Mais n’en laissez jamais tomber dans son calice. »

Silvio.

Mon père, embrassez-moi. — Je vois le ciel s’ouvrir.

Laërte.

Vous êtes, mon enfant, plus blanc qu’une génisse ;
Votre bon petit cœur est plus pur que son lait ;
Vous vous en défiez, et c’est ce qui me plaît.
Croyez-en un vieillard qui vous donne sa fille.
Puisque je vous ai pris pour remplir ma famille,
Fiez-vous à mon choix. — Je ne me trompe pas.

Silvio.

La lumière s’en va de fenêtre en fenêtre.

Laërte.

L’heure va donc sonner. — Mon fils, viens dans mes bras.

Silvio.

Elle se perd dans l’ombre, elle va disparaître.

Laërte.

Ton rôle est bien appris ? Tu n’as rien oublié ?

Silvio.

La lumière s’éteint.

Laërte.

La lumière s’éteint.Bravo ! l’heure est venue.
Suivons tout doucement le mur de l’avenue.
Allons, mon cavalier, sur la pointe du pied.

(Exeunt.)