Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1863.djvu/41

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Ce petit abbé-là m’a l’air bien dégourdi.
Parbleu ! c’est un bon diable ; il faut que je l’invite
À souper. — Hé ! monsieur, n’allez donc pas si vite !

L’abbé.

Qu’est-ce, monsieur ?

Rafael.

Qu’est-ce, monsieur ?Vos gens s’ensauvent comme si
La fièvre à leurs talons les emportait d’ici.
Demeurez, pour l’amour de Dieu, que je vous pose
Un problème d’algèbre. — Est-ce pas une chose
Véritable, et que voit quiconque a l’esprit sain,
Que la table est au lit ce qu’est la poire au vin ?
De plus, deux, gens de bien, à s’aller mettre en face
Sans s’être jamais vus, ont plus mauvaise grâce,
Assurément, que, quand il pleut, une catin
À descendre de fiacre en souliers de satin.
Donc, si vous m’en croyez, nous souperons ensemble ;
Nous nous connaîtrons mieux pour demain. Que t’en semble,
Abbé ?

L’abbé.

Abbé ? Parbleu ! marquis, je le veux, et j’y vais.

Il sort de sa chaise.
Rafael.

Voilà les musiciens qui sont déjà trouvés ;
Et pour la table, — holà ! Palforio ! l’auberge !
Frappant.
Cette porte est plus rude à forcer qu’une vierge.
Palforio ! manant, tripier, sac à boyaux !
Vous verrez qu’à cette heure ils dorment, les bourreaux !

Il jette une pierre dans la vitre.
Palforio, à la fenêtre.

Quel est le bon plaisir de Votre Courtoisie ?