Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1887.djvu/76

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Cydalise
À toi, mon prince !
Rafael
À toi ! Buvons à mort, déesse !
Ma foi, vive l’amour ! Au diable ma maîtresse !
La vie est à descendre un rude grand chemin ;
Gai donc, la voyageuse, au coup du pèlerin !
Cydalise
Chante, je vais danser.
Rafael
Bien dit. — Ah ! la jolie
Jambe ! (Il se couche aux pieds de Rose et prélude.)
Je suis Hamlet aux genoux d’Ophélie.
Mais, reine, ma folie est plus douce, et mes yeux
Sous vos longs sourcils noirs invoquent d’autres dieux.
(Il chante.)
Si, dans les antres de Gnide
Au bras de Vénus porté,
Le vieux Jupiter, que ride
Sa vieille immortalité,
Dans la céleste furie
Me laissait finir sa vie,
Qui jamais ne finira ;
Dieux immortels, que je meure !
J’aimerais mieux un quart d’heure
Chez la Blanche Lydia.
Que j’aime ces beaux seins qui battent la campagne !
Au menuet, danseuse ! — et vous, du vin d’Espagne !
(À Rose.)
Et laissez vos regards avec le vin couler.
Dieu merci, ma raison commence à s’en aller !
Cydalise