Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1887.djvu/84

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C’est du don Juan, ceci. (Revenant.)
Que dis-tu du bonhomme,
Sauvons-nous maintenant. — Moi, je retourne à Rome.
(L’abbé va à lui, et lui met son poignard dans la gorge.)
Etes-vous fou, l’abbé ? — L’abbé ?
(Il tombe.)
Je n’y suis pas.
Ah ! malédiction ! Mais tu me le paieras.
(Il veut se relever.)
Mon coup de grâce, abbé ! Je suffoque ! Ah ! misère !
Mon coup, mon dernier coup, mon cher abbé. La terre
Se roule autour de moi ! — miserere ! — Le ciel
Tourne. Ah, chien d’abbé, va ! par le Père éternel !…
Qu’attends-tu donc là, toi, fantôme, qui demeures
Avec ces yeux ouverts ?
L’Abbé
Moi ? J’attends que tu meures.
Rafael
Damnation ! Tu vas me laisser là crever
Comme un païen, gredin, et ne pas m’achever !
Je ne te ferai rien ; viens m’achever. — Un verre
D’eau pour l’amour de Dieu ! — Tu diras à ma mère
Que je donne mes biens à mon bouffon Pippo.
(Il meurt.)
L’Abbé
Va, ta mort est ma vie, insensé ! — Ton tombeau
Est le lit nuptial où va ma fiancée
S’étendre sous le dais de cette nuit glacée !
Maintenant le hibou tourne autour des falots.