Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
- Elle sort, mais pareille aux rochers de Borghèse,
- Couverte de rubis comme un poignard persan, -
- Et sur son front luisant sa mère qui la baise
- Sent du fond de son cœur la fraîcheur de son sang.
- Mais le poète, hélas ! s’il puise à la fontaine,
- C’est comme un braconnier poursuivi dans la plaine,
- Pour boire dans sa main, et courir se cacher, -
- Et cette main brûlante est prompte à se sécher.
- Je ne fais pas grand cas, pour moi, de la critique.
- Toute mouche qu’elle est, c’est rare qu’elle pique.
- On m’a dit l’an passé que j’imitais Byron :
- Vous qui me connaissez, vous savez bien que non.
- Je hais comme la mort l’état de plagiaire ;
- Mon verre n’est pas grand, mais je bois dans mon verre.
- C’est bien peu, je le sais, que d’être homme de bien,
- Mais toujours est-il vrai que je n’exhume rien.
- Je ne me suis pas fait écrivain politique,
- N’étant pas amoureux de la place publique.
- D’ailleurs, il n’entre pas dans mes prétentions
- D’être l’homme du siècle et de ses passions.
- C’est un triste métier que de suivre la foule,
- Et de vouloir crier plus fort que les meneurs,
- Pendant qu’on se raccroche au manteau des traîneurs.
- On est toujours à sec, quand le fleuve s’écoule.
- Que de gens aujourd’hui chantent la liberté,
- Comme ils chantaient les rois, ou l’homme de brumaire !
- Que de gens vont se pendre au levier populaire,
- Pour relever le dieu qu’ils avaient souffleté !
- On peut traiter cela du beau nom de rouerie,
- Dire que c’est le monde et qu’il faut qu’on en rie.
- C’est peut-être un métier charmant, mais tel qu’il est,
- Si vous le trouvez beau, moi, je le trouve laid.
- Je n’ai jamais chanté ni la paix ni la guerre ;