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CHAPITRE VII
Le progrès des idées positives et scientifiques dans l’esthétique.

1. La critique littéraire. — 2. Auguste Comte. — 3. Sainte-Beuve. — 4. G. Flaubert. — 5. H.Taine. — 6. E. Véron. — 7. Les théories de jeu. — 8. E. Hennequin.

1. — Les progrès de la science au xixe siècle ne pouvaient pas ne pas avoir une répercussion sur l’esthétique. La critique, et spécialement la critique littéraire, a beaucoup contribué à l’évolution des idées esthétiques vers la science.

Au xviiie siècle, nous avons vu que la relativité de l’œuvre d’art était une des idées les plus courantes. Mme de Staël, au commencement du xixe siècle, croit innover en envisageant l’œuvre d’art comme fonction de la société ; mais cette idée, que l’art dépend de l’état social et l’exprime en partie, n’est au fond que la thèse de la relativité de l’œuvre d’art, appliquée à la société spécialement.

Victor Cousin n’exprime-t il pas dans l’Introduction à l’histoire de la philosophie une théorie analogue, sans pourtant en tirer aucun profit réel ? « Oui, messieurs, dit il, donnez-moi la carte d’un pays, sa configuration, son climat, ses eaux, ses vents, et toute sa géographie physique ; donnez-moi ses productions naturelles, sa flore, sa zoologie, et je me charge de vous dire a priori quel sera l’homme de ce pays, et quel rôle le pays jouera dans l’histoire, non pas accidentellement, mais nécessairement ; non pas à telle époque, mais dans toutes ; enfin l’idée qu’il est appelé à représenter. » Cousin exagère — mais au fond de sa pensée on trouve le déterminisme scientifique et l’idée de la relativité.

Cette même conception, mieux exprimée, on la rencontre dans l’œuvre de Villemain, entre 1820 et 1835. Lui aussi, dans son Tableau de la littérature française au xviiie siècle, essaie d’établir, plus clairement que les autres, l’influence réciproque des idées