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D’UNE PARISIENNE

lancer d’une voix tonnante son appel aux passants.

C’est une vraie tirade, il y en a pour tout le monde, pour la jeune bonne qui se presse et hâte le pas, jusqu’au vieux grand-père qui erre, un peu inquiet du cadeau qu’il a l’intention de glisser dans le mignon soulier de son petit-fils.

Notre vente commence — car moi aussi je m’empresse près des curieux qui s’approchent — avec deux braves bourgeois qui se consultent indécis.

— Crois-tu que ça lui plaira ? dit la mère.

— Dame, je pense bien qu’il sera content.

Il s’agit d’un canon, un tout mignon canon doré avec de belles roues peintes en vert et une culasse à ressort.

On enveloppe le paquet, et voilà ces bonnes gens tout heureux, qui se dépêchent de s’éloigner, impatients de déposer le joujou dans la cheminée, près des bûches éteintes où, dans la pénombre, on aperçoit un modeste soulier.

Timide s’approche une petite ouvrière ; elle demande, la voix un peu oppressée :