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NOTES ET IMPRESSIONS

de forêt à parcourir pour gagner le village de By, où a lieu l’enterrement. Je suis obligée d’accepter avec reconnaissance une place dans la voiture des pompes funèbres, celle qui sert à transporter les tentures de deuil. Bientôt, du reste, le véhicule est envahi par les chantres mandés de Paris pour la circonstance.

Debout, je m’accroche aux parois de la guimbarde, qui s’en va au grand trot, nous cahotant atrocement. Mais la route est superbe, en plein bois. Les arbres forment une voûte verte. Par cette matinée de mai les senteurs de l’herbe fraîche ravissent ; les mousses pleurent tout imprégnées de rosée, les merles jacassent à l’orée des taillis, et des frôlements d’ailes, des frous… frous… légers agitent les buissons, font trembler les fougères et les genêts qui secouent au vent leur pluie d’or.

C’est la vie bruissante qui bourdonne sous chaque brin de gazon, sous chaque touffe de bruyère.

Un vent piquant fouette le visage tandis que le soleil darde ses rayons drus qui jettent la