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NOTES ET IMPRESSIONS

Le reportage règne, il gouverne, il est vainqueur, il détrône peu à peu les antiques rubriques, les vieilles formules, les pontifes poncifs, les raisonneurs et les prêcheurs. C’est le favori du moment. Le lecteur court à l’article d’« actualité », gardant pour les heures de loisir, s’il en reste, la chronique à thèse où de braves philosophes en chambre s’efforcent encore de prouver tous les matins que deux et deux font quatre, ce dont — entre-nous — le bon public se doute bien un peu.

Comme tous les conquérants, le reportage fut accueilli avec des grincements de dents et aussi avec des acclamations. Les dépossédés, ceux qui sont chassés brutalement des positions agréables où ils s’étaient habitués à se prélasser, devisant devant le lecteur, enfilant les mots sonores, et partageant les cheveux en quatre, ceux-là sont indignés, irrités, furieux, cela se comprend. C’est humain. C’est le cri de désespoir du vaincu expirant.

Le lecteur, au contraire, celui pour qui on écrit, celui qui est le vrai juge et qui demeure le