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D’UNE PARISIENNE

prédisait qu’elle serait une grande-duchesse au théâtre et pour de bon quand elle voudrait.

Scriwaneck, qui m’a reçue dans une petite chambre de Sainte-Périne, un gentil coin tout encombré de couronnes d’or, anciens trophées de sa carrière artistique, prend plaisir à me détailler les péripéties de la Belle Hélène. Elle conte le « truquage » de la répétition générale. La censure, effrayée, méfiante, inquiète, était accourue, craignant les allusions au régime impérial et redoutant les satires sur la société, dont le luxe allait croissant.

Schneider, prévenue, sut donner à son jeu une telle insouciance, une si paisible allure, escamotant les situations difficiles, éteignant les effets, que les censeurs se retirèrent ravis. Ils déclarèrent la pièce très drôle, approuvèrent couplets, décors et costumes.

Le soir de la première, un changement à vue s’opéra. La Belle Hélène se montra ce qu’elle était pendant les répétitions, cingla en des tirades âpres, en des critiques mordantes, les trônes et les religions.