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AVANT-PROPOS

pides où elle a noté au passage quelques-unes des émotions éprouvées au fil des jours.

Un peu par hasard, beaucoup par goût, l’auteur fut journaliste à un moment où il y avait quelque singularité à s’exercer dans un métier accaparé jusqu’ici par les hommes seuls. Mme Marguerite Durand avait fondé la Fronde, le premier journal quotidien de femmes, où toute la rédaction, l’administration et la composition étaient uniquement assurées par des femmes. La tentative était hardie ; elle n’était point banale, et on peut dire aujourd’hui que, dirigée avec un véritable talent d’organisatrice, elle réussit assez pour montrer qu’avec un peu de persévérance le succès aurait prolongé une œuvre qui dura près de dix ans.

Pendant cette période, délaissant le roman, qui est l’Histoire inventée, l’auteur ne passa pas une journée sans écrire un article sur un des incidents, grands et petits, de la vie de Paris ; elle assista à bien des drames, à bien des mouvements de la rue, à des fêtes brillantes, à des scènes navrantes, à des joies de la foule, à de nombreuses douleurs privées, et elle a rendu compte de toutes ces émotions diverses, notant au passage les mille aspects de Paris, changeants et divers.

Quand la Fronde eut disparu, la femme-journaliste chercha à conserver une place modeste mais à