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NOTES ET IMPRESSIONS

Elle cite des faits, signale les femmes qu’elle a vues mourir en regrettant leur passé de boue.

. . . . . . . . . . . . . . .

Et jeunes et vieilles écoutent les yeux agrandis. Quelques-unes essayent de sourire, ironiques, mais d’autres inconsciemment laissent perler au bout de leurs cils teints au kohl une larme émue.

La grande fille maigre a rattaché d’un geste instinctif ses cheveux en broussaille, et, comme on se dérange pour partir, elle se tourne vers la présidente et, d’une voix éraillée où elle met pourtant un peu de douceur :

— Vous savez, je reviendrai un de ces soirs. Il y a du vrai dans toutes ces histoires que vous racontez là.

On leur donne à la sortie l’adresse de la maison de Neuilly où l’on tâche de relever les filles prostituées et de leur apprendre à travailler. Il est déjà huit heures, le lamentable troupeau s’égrène sur le boulevard de Clichy.

C’est la triste vie qui va recommencer pour ces malheureuses, la course errante dans la nuit,