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NOTES ET IMPRESSIONS

nuits ; mais il n’est pas rare, quand il n’y a point d’encombrement, que nous accordions six et même huit nuits.

« Les femmes, voyez-vous, sont beaucoup plus courageuses que les hommes ; elles travaillent volontiers ; et nous essayons, avant de les renvoyer, de leur procurer quelque besogne.

« Travaux de couture, ménages à entretenir, enfants à garder, elles acceptent tout, quelle que soit la position sociale qu’elles aient occupée. C’est affreux à dire, mais notre clientèle de nuit se recrute particulièrement parmi les femmes ayant eu autrefois une situation plus heureuse. Vous dire les pauvres institutrices que j’ai vues venir ici, mourant de faim, n’ayant pas mangé de plusieurs jours, et qui erraient depuis plusieurs nuits sans savoir où coucher ! Des employées de magasins, d’anciennes commerçantes, des veuves dont les maris exercèrent des professions libérales s’engouffrent par la petite porte que vous voyez là. Ah ! si vous saviez que de poignantes confessions nous entendons !